Mieux formé, plus employé ?
Dans son interrogation intitulée Le chômeur dans la société (Encyclopédie Universalis), Dominique Schnapper, (directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales) part du constat suivant : “Les chômeurs constituent désormais un groupe dont l’hétérogénéité s’est accrue.” Le chômage est un fléau des sociétés dîtes industrialisées depuis la fin des Trente glorieuses, une période que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Il touche majoritairement les classes les plus défavorisées et provoque un accroissement des inégalités dans un contexte d’accroissement général des richesses. Le chômage, bien plus qu’un déclassement économique est un déclassement social et peut parfois être excessivement mal vécu par l’individu.
La formation (au sens général) est donc prônée par le milieu scolaire et non sans raison. Mais selon une enquête que reprend Christine Clainche, « Les perceptions sur les causes du chômage et sur ses solutions : le cas de la France », Revue de l’OFCE, 2010/2 n° 113) les Français considèrent que ce sont surtout les délocalisations et la faiblesse de la croissance qui expliquent le chômage. Seulement 4% des personnes interrogées estiment que la raison principale est “l’insuffisance de formation des salariés”. Quoiqu’il en soit, pour une entreprise, de la plus puissante à la plus insignifiante, il est impensable de se séparer d’un élément qualifié et compétent, hors cas exceptionnel. Même lors d’une délocalisation, il arrive que l’employeur propose à son salarié qualifié d’encadrer la production à l’étranger.
Le modèle politique concernant l’aide à l’emploi viendrait d’Outre-Rhin selon la germaniste Brigitte Lestrade (Emploi et précarité, un nouveau défi social,Informations sociales, 2011/1 n° 163) qui pour étayer sa thèse dresse la comparaison suivante : “De nombreux emplois à temps partiel en Allemagne, où, contrairement à la France, ils sont souvent librement choisis et assumés, sont aussi protégés que les emplois dits « normaux »”. Les pays nordiques consacrent un budget important dans ses politiques visant à favoriser le marché de l’emploi, alors que le Japon et l’Angleterre dépensent très peu. La France se classe entre ces deux extrêmes.